Micro-injection intracytoplasmique (ICSI) et sa variante, IMSI
L’ICSI comme la FIV est une technique biologique qui permet d’obtenir une fécondation en dehors du corps humain.
Nous vous présentons ici la FIV avec micromanipulation plus simplement appelée ICSI (initiales du terme anglais : Intracytoplasmic Sperm Injection).
Cette technique ne diffère en réalité de la FIV classique que sur un point : au lieu de mettre en culture simplement plusieurs ovocytes en présence de quelques centaines de milliers de spermatozoïdes, on injecte à l’aide d’un microscope (muni d’un micro-manipulateur) un spermatozoïde dans chacun des ovocytes matures pour en assurer la fécondation. Cette technique est proposée lorsque le spermogramme est très altéré au niveau de sa concentration et/ou sa mobilité et/ou sa morphologie. Par ailleurs, en cas d’échec de fécondation en FIV classique, on fait appel aussi à l’ICSI.
Les examens préalables à l’ICSI sont ceux pratiqués pour une Fécondation In Vitro classique auxquels on ajoute généralement un caryotype constitutionnel pour l’homme (pour certains en fonction des résultats du caryotype, une recherche de délétion du chromosome Y peut être demandée). Cet examen, qui recherche des anomalies de nombre ou de structure des chromosomes d’un individu, est nécessaire dans les oligozoospermies sévères ou dans les azoospermies sécrétoires (absence de production de spermatozoïdes), car ces deux types de pathologies peuvent être en relation avec un remaniement chromosomique.
Par ailleurs, il existe une variante à l’ICSI, nommée IMSI pour : intracytoplasmic morphologically selected sperm . En effet, l’ICSI est pratiquée le plus souvent, à l’aide d’un grossissement du microscope de l’ordre de 200 à 400 fois. Or, l’IMSI, implique le M à une sélection morphologique du spermatozoïde, grâce à un grossissement plus important (Magnification en anglais), pouvant aller jusqu’à 15000 fois !
Sur les 5 centres d’AMP en Bretagne, nous sommes le seul à proposer cette technique (une vingtaine de centres au total). Votre Biologiste pourra vous expliquer les indications pour l’utilisation de ce type de micromanipulation.
Indications de l'ICSI
L’ICSI a initialement été mise au point pour les couples présentant une hypofertilité masculine. L’examen complet du sperme (test de migration survie) montrant une insuffisance spermatique trop importante pour que la FIV classique puisse donner une fécondation.
Avant la mise en place de l’ICSI à partir de 1993 en France, de nombreux couples bénéficiant de cette technique dorénavant avaient recours à des spermes de donneurs.
L’ICSI peut être proposée par votre médecin dans les cas suivants :
INFERTILITE MASCULINE
Le nombre de spermatozoïdes disponibles dans votre éjaculat est trop faible et ne permet pas une fécondation in vitro classique. On parle d’oligospermie sévère. Dans certains cas, chez certains hommes, il n’y a pas de spermatozoïdes dans le sperme (on parle d’Azoospermie).
Une consultation avec un urologue-andrologue est nécessaire, il devra prélever chirurgicalement les spermatozoïdes dans les voies génitales masculines. (épididyme et/ou testicule).
INFERTILITE FEMININE
Après échecs répétés de fécondation (absence d’embryon) ou l’obtention d’un faible taux de fécondation en FIV classique (< 20 % des ovocytes recueillis)
La ponction ovocytaire
Étape identique pour la Fécondation in vitro Classique ou la Micro-injection intra-cytoplasmique (ICSI).
La ponction ovocytaire a lieu au bloc opératoire, par voie endo-vaginale (voie naturelle), sous anesthésie locale le plus souvent, à l’aide d’une sonde d’échographie vaginale munie d’une aiguille.
Le gynécologue agrée qui vous a suivi durant votre stimulation de l’ovulation va aspirer le liquide de tous les follicules visibles à l’échographie. Les seringues remplies de liquide follicullaire sont directement remises au laboratoire de FIV pour un examen immédiat.
Les follicules sont visibles à l’aide de l’échographie, ils mesurent quelques centimètres. Le nombre de follicules peut légèrement varier entre l’échographie pratiquée quelques jours avant la ponction et l’échographie pratiquée le jour de la ponction. Dans chaque follicule, le laboratoire recherche un ovocyte. (Il faut avoir la notion que certains follicules ne contiennent pas d’ovocytes).
L’ovocyte est une cellule qui nécessite l’utilisation d’un microscope pour être mis en évidence. Le laboratoire apprécie l’état de maturité de l’ovocyte. Seuls ceux que l’on appelle les ovocytes « matures » (en métaphase II de division) vont être capables de fusionner avec un spermatozoïde pour donner un embryon.
Le rôle du laboratoire
Fécondation in vitro simple
Le laboratoire va permettre la mise en contact de tous les ovocytes recueillis à la ponction avec les spermatozoïdes
sélectionnés par test de migration. Seuls les ovocytes matures vont pouvoir féconder.
Environ entre 50 et 80 % des ovocytes matures vont féconder. Le jour suivant la ponction, les couples peuvent joindre le laboratoire (Voir informations pratiques), il lui donnera le nombre d’ovocytes fécondés. On appelle ce stade le pré-embryon ou 2ProNucléi (2PN). Les pronuclei étant les deux nucleus (noyaux) féminins et masculins.
Le transfert embryonnaire a lieu au deuxième ou au troisième jour après la ponction. Le laboratoire vous donne tous les renseignements relatifs à ce transfert.
Au moment du transfert, le laboratoire examine l’embryon, il sélectionne les embryons les plus aptes à donner les meilleurs chances de grossesse. En accord avec le couple et le gynécologue, un à deux embryons sont replacés dans la cavité utérine (pour éviter le risque de grossesse multiple), les embryons sélectionnés restants sont cryopréservés (congelés ou vitrifiés).
Suivi des enfants
Suivi des enfants
FIV et ICSI n’influent pas sur l’avenir des enfants à 5 ans *
Parce qu’elle est la plus vaste et la plus prolongée, l’étude présentée aujourd’hui à Madrid sur l’avenir des enfants conçus par fécondation in vitro (FIV) ou par injection intracytoplasmique de spermatozoïdes (ICSI) est rassurante. Le Pr Christina Bergh (Göteborg, Suède) rapporte au congrès annuel de la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie, l’analyse des cinq années de suivi de 541 enfants issus d’ICSI, de 440 de FIV et de 542 témoins conçus naturellement. Les participants ont été enrôlés en Belgique, au Danemark, en Grèce, en Suède et au Royaume-Uni. L’étude a porté sur les événements obstétricaux et néonatals ainsi que sur le développement physique, cognitif, psychologique, affectif et social des enfants. Les relations à l’intérieur de la cellule familiale n’ont pas été négligées. Il ressort du travail européen qu’à l’age de 5 ans les enfants ne présentent pas de différence staturopondérale significative. Leur parcours médical est similaire, avec comme différence davantage d’hospitalisations chez les enfants nés d’une ICSI ou d’une FIV. Mais les chiffres demeurent très bas,puisque les admissions sont de l’ordre de 1 % dans les trois groupes.
Les filles dépassent les garçons
Le transfert embryonnaire a lieu au deuxième ou au troisième jour après la ponction. Le laboratoire vous donne tous les renseignements relatifs à ce transfert. En ce qui concerne le développement intellectuel, les tests verbaux ou de quotient intellectuel sont également comparables à ceci près que les filles dépassent les garçons. Le développement moteur global ou fin n’est pas altéré. Ces enfants ne présentent pas plus de troubles du comportement ou de difficultés psychiques. Les auteurs relèvent toutefois un taux de malformations plus élevé dans le groupe né d’une ICSI. Ils ne se l’expliquent pas et évoquent la possibilité d’un biais de sélection parmi les témoins. En ce qui concerne les parents, leur niveau de stress est le même dans les trois groupes. Les mamans ayant subi une ICSI semblent plus impliquées dans leur rôle de mère que celles passées par la FIV. Il en va de même pour les pères, plus proches de leur enfant après ICSI que dans le groupe témoin. Les médecins n’ont relevé aucune altération liée dau mode de conception dans les relations des parents entre eux ou avec leur enfant. Il n’existe pas de sur-risque de retentissement socio-affectif négatif, que ce soit sur les parents ou les enfants. Les résultats rassurants de ce travail de grande envergure lèvent les derniers doutes qui avaient été exprimés sur la santé et le bien-être de ces enfants. D’ailleurs, des résultats semblables avaient été publiés l’an passé par une équipe australienne (Garth Leslie et coll.), mais les effectifs et la durée étaient inférieurs.
En accord avec le couple et le gynécologue, un à deux embryons sont replacés dans la cavité utérine (pour éviter le risque de grossesse multiple), les embryons sélectionnés restants sont cryopréservés.
Dr Guy BENZADON
* Article publié dans LE QUOTIDIEN DU MEDECIN N°7366 du jeudi 3 juillet 2003